Le gouvernement envisage le prêt in fine pour débloquer le Logement
Pour rappel, un crédit immobilier classique implique de rembourser par des mensualités une partie du capital emprunté. Le crédit in fine a, quant à lui, un fonctionnement différent. Les échéances ne couvrent que les intérêts, éventuellement les primes d’assurance, sans réduire le montant principal emprunté. Les intérêts, calculés sur la même base chaque mois, restent alors constants pendant toute la durée de l’emprunt et le capital initial n’est remboursé intégralement qu’à la dernière échéance.
Ce type de crédit est très peu commercialisé en France, réputé en effet pour être plus risqué.
« Sur la question du crédit immobilier, j’ai appelé à une certaine prudence sur les prêts remboursables in fine. Ces derniers sont plus risqués puisqu’ils prolongent la durée d’endettement des ménages ; ils sont donc en général plus coûteux, et les banques demandent généralement plus de garanties. Ils sont déjà juridiquement possibles en France, mais se sont peu développés pour cette raison. »
François Villeroy de Galhau
Plus précisément, ce que propose Christophe Béchu repose plutôt sur un fonctionnement hybride entre un prêt classique et un prêt in fine.
« Vous voulez acheter un bien, vous souscrivez un crédit sur 20 ou 25 ans non pas sur 100 % du prix mais sur 80 %, que vous remboursez classiquement au fil du temps. Les 20 % restants demeurent sous forme d’hypothèque sur lesquels vous ne remboursez que les intérêts et non le capital. Celui-ci ne sera remboursé qu’à la revente. »
Christophe Béchu
Problème, là où, dans le cadre d’un prêt classique, les intérêts vont être dégressifs, pour le prêt in fine, ils restent identiques. Le total d’intérêts débiteurs sera donc plus important pour un prêt in fine que pour un prêt classique. C’est dans ce contexte que la Banque de France ne perçoit pas cette annonce comme une amélioration pour les emprunteurs.
La Banque de France réticente quant aux prêts in fine
Cette piste envisagée par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, n’a pas réjoui le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. S’il appelle les prétendants à l’acquisition à la « prudence », il rappelle également que si « l’épargne des ménages français est abondante », « l’endettement des ménages a depuis vingt ans crû plus vite en France que chez nos grands voisins, et y est maintenant supérieur ».
Si le gouvernement et les banques sont d’accord sur un objectif, qu’est relancer le marché de l’immobilier, ils ne sont pas d’accord sur les moyens à utiliser. La Banque de France cherche plutôt la stabilisation, voire la baisse du prix de la pierre et des taux d’intérêt.
« Le modèle français de crédit immobilier, à taux fixe et amortissable, est le plus protecteur pour les ménages. Un certain nombre d’éléments favorables, dont la stabilisation voire la baisse des prix comme des taux immobiliers, sont aujourd’hui réunis pour que la production de crédit immobilier reparte progressivement au cours de l’année 2024. »
François Villeroy de Galhau
Un accord devra donc être trouvé, à la fin du mois, lors de la rencontre prévue entre les établissements bancaires et le ministre. Affaire à suivre.
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