Des taux directeurs durablement élevés
En réalité, la décision de maintenir le même niveau de taux directeurs n’est pas une surprise. Celle-ci avait déjà été suggérée en septembre, lors de la dernière réunion du Conseil des gouverneurs et par plusieurs responsables de banques centrales. Après la Réserve fédérale américaine (Fed), la BCE poursuit donc sa politique de « taux durablement élevés », mais marque toutefois une pause après dix augmentations consécutives.
Pour la BCE, l’heure est désormais à l’observation des répercussions de sa politique sur l’inflation et sur l’économie européenne. De ce fait, la carte de la prudence est de mise. La BCE se refuse d’anticiper trop rapidement une baisse durable de l’inflation, car les retombées de sa politique monétaire ne seront visibles qu’au bout d’une année ou deux.
L’ombre de la hausse de l’inflation plane encore
Les retombées de la politique monétaire de la BCE sur l’économie se font toutefois déjà ressentir. Le niveau de l’inflation est passé de 5,2 % en août à 4,3 % en septembre en glissement annuel, retrouvant ainsi son niveau d’octobre 2021.
Or et comme l’a répété à plusieurs reprises la présidente de la Banque centrale européenne, la baisse des taux directeurs interviendra uniquement lorsque l’inflation entrera dans une période baissière, et ce, de manière durable. Pour rappel, l’objectif de la BCE est le retour d’une inflation proche des 2 %. Selon Christine Lagarde, d’autres répercussions économiques sont également à venir.
« Nous devons maintenir la stabilité et rester fermes. »
Christine Lagarde
Des divergences sur la politique de resserrement monétaire de la BCE
Selon certains acteurs du secteur, la phase de resserrement monétaire de la BCE semble avoir pris fin.
« Nous pensons que le cycle de hausse des taux de la BCE est terminé et que la décision prise aujourd’hui de maintenir les taux à 4 % se prolongera jusqu’en 2024. «
Gurpreet Gill de Goldman Sachs Asset Management
Or, sur ce point, les positions divergent. Si certains sont confiants quant au ralentissement de l’inflation et au maintien des taux d’intérêt à leur niveau actuel, la BCE ne semble pas être aussi catégorique. Son message est clair : la réunion de jeudi représente simplement une pause dans sa politique de resserrement monétaire.
Christine Lagarde a même évoqué la possibilité d’un nouveau tour de vis. L’objectif de la présidente est de rester prudente quant à l’évolution de la situation économique européenne. Selon elle, une éventuelle baisse des taux est « totalement prématurée pour le moment ».
Nous devons rester stables et résolus. […] [Cette pause] ne signifie pas que nous n’augmenterons plus jamais les taux.
Christine Lagarde
En parallèle, d’autres acteurs remettent en question la politique de la BCE. Dans une interview des Echos, le chef économiste d’AXA, Gilles Moëc, se questionne sur les bienfaits de la dernière augmentation des taux directeurs, et ce, même si les signes de ralentissement dans la zone euro étaient évidents.
Selon Gilles Moëc, la hausse des taux en septembre n’était pas vraiment nécessaire, car il était déjà évident à ce moment-là que l’action de la BCE avait sérieusement fragilisé les conditions financières dans la zone euro, un argument confirmé par une récente enquête sur le crédit bancaire. De même, les chiffres publiés peu de temps après la réunion de septembre ont bel et bien confirmé le ralentissement de l’inflation.
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